Une activité très mal connue

Saint-Évroult-Notre-Dame-du-Bois, dans le Pays d'Ouche fait partie du grand territoire du centre de la Normandie qui produisait des poteries utilitaires vernissées non grésée. Aujourd’hui, aucune étude historique n’a encore été réalisée sur ces ateliers potiers. Cette activité est cependant mentionnée par les érudits des sociétés savantes au cours du XIXe s. 

En 1861 et 1862, les poteries Petit et Touche sont mentionnées, pour Saint-Évroult-Notre-Dame-du-Bois, dans la liste des fabricants de poterie de « l’Annuaire administratif et historique de l’Orne ».

Lors du « 52e congrès de l’Association Normande pour les progrès de l’Agriculture, de l’Industrie et des Arts » qui se tient à Vimoutiers (Orne) en juillet 1884,  il est mentionné que, dans l’arrondissement d’Argentan, deux fabriques de potiers « seulement subsistent encore : l’un à Chaumont, qui fabrique annuellement plus de 150.000 pièces, consistant principalement en terrines pour la laiterie, poterie allant au feu, tuyaux de cheminée, conduites d’eau, pièces sur modèle, et surtout en pots à fleurs ; l’autre est à Touquettes, qui livre en moyenne 400.000 tuyaux de drainage, sans comprendre les autres produits de sa fabrication, qui, à l’exception des pots à fleurs et des vases à l’usage du ménage et des laiteries, sont les mêmes que ceux de Chaumont. »

Les lieux-dits La Poterie et La Tuilerie sur Saint-Évroult ainsi que La Tuyauterie, sur le ruisseau séparant St-Évroult et Touquettes, localisent les anciens sites de production. Une rapide prospection de surface dans les champs labourés sur l’emplacement des anciens sites potiers permet facilement de retrouver des tessons vernissés ou non : bords  de pots, anses, etc. La carte géologique y mentionne un gisement de kaolin.  

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À quelle époque cette production s’est-elle installée sur ce territoire ? Les moines de l’abbaye sont-ils à l’origine de cette activité et les potiers ont-ils fabriqué des tuiles, des drains, des pavés, des poteries utilitaires pour leurs usages ? L’implantation de la verrerie de Saint-Évroult au début du XIXe s. a-t-elle été facilitée par la présence de ces potiers dont la compétence est requise pour fabriquer les creusets réfractaires nécessaire à la fonte du verre ? 

Une découverte exceptionnelle

En 2016, une chaufferette dédicacée, datée, localisée et signée, ce qui est exceptionnel pour une poterie utilitaire, est repérée chez un brocanteur. La mention écrite en arc de cercle sur la poterie stipule « Fait à St Esvroult le 10 9bre 1845 - Madame Roussel à la Barre » qui est la dédicace et en petit, à la base d’une anse « Roussel ».

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Les actes de baptême, de mariage et de décès mentionnent plusieurs générations de potiers : Pierre-Marin Roussel (1740-1802) pottier, Pierre Désiré Roussel né en 1825, ouvrier potier et Maxime Roussel, né en 1831, ouvrier poterie de verrerie. 

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Cette chaufferette a désormais intégré les collections de l’écomusée du Perche à Saint-Cyr-la-Rosière (Orne).

Quelques pots identifiés chez des habitants de la commune pourraient être également des productions ébrultiennes. Ils possèdent probablement un émail au "laitier", réalisé à partir des scories des fonderies présentes sur la commune depuis le Moyen Âge. 

François Toumit / AAPG (données historiques fournies par Anne-Sophie Vigot, archéologue)

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