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À Vannes : " Fecit par Messires Brulay Mre fontenier de Normandie 1688"

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Linteau gravée de la fontaine de Saint-Patern
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Les ateliers et les familles

Le premier réseau d’adduction d’eau à Vannes

Lors de fouilles archéologiques dirigées par Patrick ANDRÉ en 1989, ruelle du Recteur dans le quartier de Saint-Paterne à Vannes (Morbihan) a été découverte une canalisation faite de tuyaux en grès, sur près de 16 mètres de long.

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Canalisation de grès, ruelle du recteur. © Patrick André.
Canalisation de grès, ruelle du recteur. © Patrick André.

 

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tuyaux en grès de Ger
La trentaine de tuyaux en grès de Ger ont été déposés par le Centre d’études et de recherches archéologiques du Morbihan au dépôt de fouilles départemental.  © Patrick André.

 

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Détail d’un emboîtement entre deux tuyaux de grès.
Détail d’un emboîtement entre deux tuyaux de grès. © Patrick André.

 

Venait d’être retrouvé le premier réseau vannetais d’adduction d’eau qui a fonctionné de 1686 à 1785. L’eau « de bon goust, belle, claire et abondante » captée sur les hauteurs du bourg de Meucon, à 8 kilomètres, coulait dans une canalisation, puis aux portes de Vannes, à Saint-Guen, le réseau se scindait en deux branches, l’une pour alimenter le quartier Saint-Paterne, l’autre pour le reste de la ville alimenté par un aqueduc enjambant le ruisseau de Rohan.

Cinq fontaines publiques devaient fournir l’eau aux Vannetais. Chacune desservant un quartier distinct. Malheureusement, deux arches de l’aqueduc, œuvre de « l’architecte » vannetais Gilles Michel, s’écroula dix ans après sa construction, en 1702, et ne fut pas restauré. Les habitants de Vannes durent donc, après cette date, chercher leur eau à la fontaine Saint-Patern, la seule en service jusqu’en 1785.

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Schéma du réseau d’adduction d’eau
Vannes. Schéma du réseau d’adduction d’eau conçu à la fin du XVIIe siècle : 1 - Fontaine Saint-Patern. 2 - Fontaine du Marché. 3. Fontaine Main-Lièvre. 4. Fontaine des Lices. 5. Fontaine du port. © Patrick André - Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan 1997.

 

Les Brulay, maîtres fontainiers de Ger

« La conception et la réalisation de ce réseau furent l’œuvre de maîtres fontainiers réputés : la famille Brulay. Ils avaient été signalés aux commissaires royaux lors de la tenue des États provinciaux à Dinan en 1685. On les pria alors d’étudier le problème vannetais. Les Brulay sont originaires de Saint-Martin de Ger (aujourd’hui département de la Manche). En 1686, deux d’entre eux habitent cette région de la Vicomté de Mortain, un autre réside à Fougères, le dernier enfin est établi maître fontainier à Dol", précise Patrick André. « Tous ont la réputation d’avoir bien faict quantité d’ouvrages en province particulièrement en la ville et château de Fougères, à Dol et à Belle-Isle ».

Le contrat vannetais de construction de 1686 exige que « les tuyaux seront faits de la terre de Goulande, façon de Ger, bons, bien cuits et bien condittionnez. »

En effet, au cours du XVIIe et XVIIIe siècles, quelques maîtres potiers issues des grandes dynasties de potiers de Ger se spécialisent dans la production de tuyaux d’adduction d’eau : des Véron, des Brulay, des Esneu, des Degrenne. Ces potiers fabriquent ces canalisations imperméables de grès en utilisant, comme pour leurs autres productions (pots de laiterie, pot à beurre et à lard, poteries domestiques), l’argile grésante de la Haute-Chapelle. Mais ils sont aussi fontainiers, c’est-à-dire qu’ils recherchent les sources et conçoivent les réseaux d’adduction.

« Dès l’été 1686, des "bannies" (appels d’offre) furent faites auprès des gens de mer de l’île aux Moines, l’île d’Arz, Pénerf, Ambon pour transporter ces milliers de tuyaux depuis Pont-Gilbert, près d’Avranches » (actuellement quartier de la gare d’Avranches, à l’embouchure de la Sée).

La fontaine Saint-Patern

« La fontaine Saint-Patern, hors les murs, était au cœur d’un quartier très peuplé, voire populaire, où l’état sanitaire, à en juger par la mortalité, était pire qu’ailleurs en ville. Ce quartier « où la campagne cotoyait la ville » abritait en outre plusieurs hôtelleries et auberges qui devaient jusqu’alors se contenter des eaux de surface et de celle des puits plus ou moins contaminés. De Saint-Guen à Saint-Patern l’eau empruntait une canalisation distincte qui, après avoir traversé la partie sud de la prairie Saint-Symphorien dévalait la pente de Saint-Patern pour aboutir à un réduit voûté, proche du perron de l’actuelle église. Là, sous une inscription heureusement conservée, quatre tuyaux laissaient jaillir l’eau ; c’était la grande pompe Saint-Patern. Ici, on n’avait pas prévu de bassin de réception ou de réservoir, si bien que l’eau se perdait directement sur la chaussée au grand dam des usagers. Cette fontaine fut la plus fréquentée, la plus fiable aussi puisqu’elle ne cessa de fonctionner qu’en 1785. » (Patrick André).

 

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Linteau gravée de la fontaine de Saint-Patern
Linteau gravé de la fontaine de Saint-Patern : « FECIT PAR MESSIRES BRULAY MREFONTENIER DE NORMANDIE 1688 » © P. André

 

D’après l’article « De l’eau belle et bonne à boire » - Le premier réseau public d’adduction d’eau à Vannes (1685-1785) écrit par Patrick André - Société polymathique du Morbihan - Tome CXXIII - 1997.

Voir aussi David Groussard. “La gestion de l’eau dans les villes bretonnes aux XVIIe et XVIIIe siècles. Hisotire. Université Rennes 2; Université européenne de Bretagne, 2010. https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-00505459v1

Adresse

rue de la Fontaine
56000 VANNES
France

47.6598156, -2.7546413

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