Aller au contenu principal

Augustin Véron, potier de Ger à Brouains, une expérience éphémère

Image
Le Rocher
Localisation:
>
Brouains
Type d'article:
Les ateliers et les familles

La poterie de grès de Ger, dont l’existence est attestée dès le Moyen-âge, est bien connue. Au milieu du XIXe siècle encore, une vingtaine de grands fours répartis dans plusieurs hameaux de la commune de Ger permettaient une production quasi-industrielle de poterie commune, vendue largement au-delà de son bassin de production.

La mention de Brouains comme site potier associé à Ger apparaît sur la couverture d’un catalogue présentant la production d’Augustin Véron dans la dernière décennie du XIXe siècle. Brouains et la vallée de la Sée ont vu se développer autrefois une activité pré-industrielle et industrielle avec la production de papier, puis des activités de petite métallurgie et de textile. La présence d’une « usine » de poterie n’a laissé que peu de souvenirs, en dehors de ce catalogue [1].

Image
Couverture catalogue Augustin Véron
Page de couverture du « Catalogue Véron », seul document de ce type connu pour le site potier de Ger, et qui mentionne Brouains comme lieu de production. Collection particulière. © E. Tiercelin

 

Il est toutefois possible de retrouver une partie de l’histoire de l’installation de cette « usine » à Brouains par Augustin Véron à travers quelques documents conservés aux archives de la Manche, qui permettent de savoir que l’entreprise s’est installée entre 1889, date d’achat du site, et 1893, année de sa revente. Deux questions se posent alors : pourquoi le potier a-t-il décidé cette délocalisation partielle de sa production, et pourquoi l’expérience a-elle été de si courte durée?

Augustin Véron, potier de Ger

            Des potiers du nom de Véron sont attestés à Ger au XVIe siècle [2]. Au cours du XIXe siècle, le patronyme est présent dans plusieurs hameaux potiers dont l’Être-au-Lièvre. C’est là que naît Augustin Paul Véron le 20 mars 1861. Son père, Jacques Paul Véron, est « Expert et fabricant de poterie ». Sa mère, Emélie Suzanne Esneu, est la fille de feu Gabriel Esneu, longtemps maire de Ger et un des plus importants fabricants de poterie à Ger dans la première partie du XIXe siècle.

Image
Acte de naissance d'Augustin Véron
Acte de Naissance d’Augustin Paul Véron, AD50, Registres d’état-civil de Ger, 1858-1862, 3E 200/11, vue 155/304. « L’an mil huit cent soixante – un, le vingtième jour du mois de mars, à quatre heures du soir, par devant nous Auguste Gabriel Esneu, maire, officier de l’Etat-civil de la commune de Ger, canton de Barenton département de la Manche, est comparu le sieur Véron Jacques Paul, expert et fabricant de poterie, âgé de quarante deux ans, domicilié au hameau de l’Être-au-Lièvre en cette commune, lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin né de ce jour à six heures et demie, dans son domicile, de lui déclarant et de dame Esneu Emélie Suzanne, son épouse, âgée de trente six ans, domiciliée avec lui, et auquel il a déclaré vouloir donner les prénoms de Augustin Paul. Lesdites déclaration et présentation faites en présence de Buffart Isidore, garde-champêtre, âgée (sic) de cinquante ans, et de Millet Jacques, cafetier, âgé de cinquante ans, domiciliés au bourg de cette commune ; et le père et les témoins ont signé avec nous le présent acte, après que lecture leur en a été faite ». Dans la marge, une mention du (re)mariage d’Augustin Paul Véron en 1899 à Dinan.

 

Premier enfant du couple, Augustin Paul avait un destin tout tracé, dans une famille où, traditionnellement, les fils succédaient aux pères à la tête de l’entreprise potière. D’ailleurs, dans son acte de mariage avec Emilie Simon-Boisliboust à Saint-Hilaire-du-Harcouët le 21 juin 1886, à vingt cinq ans, il est déclaré « fabricant de poterie » [3]. À cette date, il vit et travaille à l’Être-au-Lièvre, tout comme son frère Émile. On ne sait pas exactement quand il prend la place de son père à la tête de l’entreprise familiale. Mais c’est chose faite en 1891 selon le recensement de la population de cette année là, qui précise par ailleurs qu’Augustin Véron, déjà propriétaire du Moulin du Rocher à Brouains, est encore domicilié à Ger [4]. Son père Jacques, qui vit toujours à l’Être-au-Lièvre, n’est plus présenté que comme « expert » à cette date.

Augustin Véron à Brouains

C’est sur le site d’un moulin à papier qu’Augustin Véron va construire son « usine » de poterie de Brouains, au village du Rocher. Le 13 mars 1889, il achète le Moulin du Rocher et celui du Jaunet dans la vallée de la Sée, deux anciennes « usines pour la fabrication du papier », avec environ 2ha 80a de terrain [5].  

Image
Plan 1893 Le Rocher
Parcelles acquises à Brouains par A. Véron en 1889. Croquis E. Tiercelin, d’après le cadastre dit napoléonien conservé aux archives de la Manche [AD50, Brouains, A1, 1829 ]

 

Le vendeur est Edmond Albert GARDIE, ancien fabricant de papier, époux d’Alphonsine Augustine CHAMBAS, qui demeure alors loin de Brouains, à Magnac-sur-Touvre, « en Charente ». Le bien lui vient de son père Louis Aimable GARDIE, fabricant de papier décédé à Brouains le 22 mars 1876. Le prix de la transaction s’élève à 16 000 francs. Pour faire cette acquisition, Augustin Véron s’endette de 14 000 francs auprès d’un certain Le Logeais de Tinchebray [6]. Comme le nouveau propriétaire n’a pas besoin de l’installation hydraulique liée au moulin pour son projet d’activité, il revend une partie de son droit d’eau de la propriété du Rocher à Louise Gabrielle Levallois, veuve d’Élie Napoléon Félix GILBERT, pour 600 francs, le 31 mai 1890. La veuve Gilbert peut ainsi élever son propre barrage de 10 cm, pour augmenter la force de la chute d’eau. Un autre acte similaire est signé l’année suivante avec son fils Edmond Louis GILBERT, filateur de coton [7].

Image
Le moulin du Rocher
Environs de Sourdeval – Vallée de Brouains – Le Rocher. Le Moulin du Rocher est situé dans la vallée de la Sée, au hameau du Rocher. L’usine de poterie n’est pas installée dans le moulin lui-même, aujourd’hui en ruine, mais à flanc de côteau, sur la gauche du moulin, un peu en aval (voir plan ci-après). Carte postale, AD50, 96 Num 66, Collection Leroy sur la vallée de Brouains.

 

Les documents retrouvés à ce jour ne permettent pas de préciser à quel moment le moulin du Rocher a cessé son activité papetière : peut-être dès le décès de Louis Aimable Gardie en 1876 ? L’activité potière, quant à elle n’a pas dû commencer dès l’acquisition des lieux par Véron au printemps de 1889 : elle nécessitait des installations spécifiques, en particulier la construction d’un four à pots. « L’usine » de poterie n’a pas pris place dans les bâtiments de l’ancien moulin à papier lui-même, mais sur un terrain de cette propriété un peu en aval dans la vallée, à flanc de colline, à l’abri d’éventuelles inondations. Le four n’est pas visible dans le paysage actuel, cependant il existe toujours, très bien conservé sous une maison d’habitation dont il constitue une partie de la cave [8]. Devant le four se trouve une autre partie de cette cave, qui a peut-être été un bâtiment lié à l’activité potière.

Image
Site du Roucher
Le village du Rocher en 2022. Le village du Rocher, 50150 Brouains. Source du fond de carte : https://www.geoportail.gouv.fr/carte, Prise de vue 11-07-2022, localisations ajoutées, E. Tiercelin.

 

Le four a été utilisé plusieurs fois, si on en juge par l’aspect de ses parois qui présentent des glaçures caractéristiques. On devine les restes d’une tessonière à quelques mètres de là [9].

Image
Paroi du four du Rocher
La paroi du four d’Augustin Véron à Brouains. Un morceau de poterie est encore en place, collé à la paroi lors de la cuisson. © G. Le Guen.

 

Image
Four Véron Brouains
Sous la maison, le four Véron encore en place et sa paroi vitrifiée © F. Toumit

 

Image
Vestiges de poteries
Deux vestiges de poterie retrouvés par le propriétaire actuel à proximité de la tessonière du Rocher. À gauche, filtre de cafetière. Coll. particulière. © G. Le Guen. À droite, couvercle de sucrier ou de cafetière, à décor moleté avec légère glaçure au sel. Coll. particulière. © E. Tiercelin

 

 

Image
L'usine du Rocher
Environs de Sourdeval – Vallée de Brouains – Le Rocher. Cette vue, prise en aval du moulin du Rocher (qu’on ne distingue pas sur le cliché), montre à droite une maison bâtie sur le flanc de la colline, sous laquelle se trouve le four à pots construit par Augustin Véron. Ce four sert actuellement de cave à la maison. AD50, 96 Num 59, Collection Leroy sur la vallée de Brouains , Sourdeval-la-Barre, Frémin (éditeur)

 

Image
La maison sur le four
La maison sur le four à pots d'Augustin Véron, aujourd'hui. Propriété privée. © F. Toumit

 

Une entreprise moderne  

Il semble qu’Augustin Véron ait voulu faire de sa nouvelle implantation une entreprise moderne. La parution d’un catalogue est, en soi, un indice : il n’en a pas été retrouvé d’autres pour le site potier de Ger à cette époque. Mais surtout, l’acte de revente de sa propriété du Rocher par le fabricant de poteries comporte des précisions sur les installations de production [10]. En effet, il ne met pas en vente le matériel professionnel de son « usine », qui est énuméré : « les tours, les rayons et les planches, la machine à couper la terre, le malaxeur, la machine [11] à fabriquer la brique, la presse rebatteuse et la grue ». Cette liste montre que le potier a voulu équiper son entreprise de machines spécialisées. Si les « tours, les rayons et les planches » constituent de tout temps le matériel de base du potier, la fin de l’énumération correspond à un équipement qui semble nouveau : quand l’instituteur Mauger décrit le travail de préparation de la terre par les potiers de Ger en 1905 [12], il ne mentionne pas de « machine à couper la terre » ; pour cette opération qu’il appelle coupage il indique que les potiers se servent « d’un outil, appelé plane, ressemblant à celui que le tonnelier emploie pour polir ses douves ». Pour le malaxage, Mauger explique que « le moyen le plus facile consiste en l’emploi d’un tonneau malaxeur en tout points semblable à celui dont se servent dans les villes, les ouvriers maçons pour la préparation de leur mortier » , ce qui correspond sans doute au « malaxeur » d’Augustin Véron. Mais il est intéressant de constater qu’en 1905, les potiers encore en activité à Ger n’en disposent pas tous, puisque l’instituteur précise : « à défaut de malaxeur, les aides potiers prennent la terre, l’étendent sur le sol de la cave, et à l’aide des pieds, la pétrissent et la façonnent, exécutant des danses échevelées [...] ». C’est le mode de préparation le plus traditionnel qui soit.

Au delà du matériel pour la préparation de la terre, Augustin Véron cite des « machines » utilisée dans le processus de fabrication de la brique, ainsi qu’une grue. Il n’y est pas fait allusion dans l’article de Mauger. Ces équipements sont la marque d’une industrialisation de la production de ce produit, au moins par Augustin Véron. D’autre part, le document précise que les bâtiments en vente sont assurés contre l’incendie par la Compagnie d’Assurance Générale, dont le siège se trouve à Paris, rue Richelieu, pour la somme de 36 000 francs. Une telle mention suggère qu’Augustin Véron avait le souci d’assurer la pérennité de son entreprise et sa protection.

Cela n’a pourtant pas suffi à assurer son succès. Le fabricant de poterie a été contraint de revendre le site , et cette décision semble avoir marqué la fin de l’activité potière à Brouains.  Le nouveau propriétaire des lieux s’appelle Emmanuel Bougon, du village de La Lande à Beauficel. Il a payé 22 000 francs pour son acquisition. Quelques rapides recherches autour de son nom montrent qu’il était sans doute surtout intéressé par les investissements immobiliers [13]. L’acte de vente de juillet 1893 par lequel E. Bougon a acheté la propriété du Rocher précisait que le matériel de l’entreprise de poterie pourrait être acquis par l’adjudicataire s’il en faisait la demande « dans la huitaine » [14]. Il n’a pas été découvert de document prouvant un tel rachat.

Quelques raisons de l’échec

La fin de l’aventure potière à Brouains est à replacer dans le contexte plus général de la  disparition progressive  de l’industrie des grès de Ger. Déja, le nombre de fabricants a nettement diminué entre les années 1840, où on recensait encore une vingtaine d’entreprises [15], et la fin du XIXe siècle : dans le recensement de la population de Ger en 1891, on ne trouve plus que 12 noms de fabricants [16]. À la veille de la première guerre mondiale, en 1913, une notice communale réalisée par l’instituteur Leneveu indique qu’il ne reste que quatre fabricants de poterie sur la commune de Ger [17]. La concurrence d’autres produits, alors que les coûts de productions étaient élevés, la difficulté de recruter des ouvriers, la raréfaction du bois, sont des raisons à retenir pour comprendre cette évolution.

Dans cette ambiance de difficultés pour les potiers, il est possible qu’Augustin Véron ait cherché à moderniser ses moyens de production pour être plus efficace. Toutefois, la délocalisation d’une partie de l’entreprise à Brouains pose question : en effet, si la vallée de la Sée peut sans doute fournir du bois assez facilement, le site choisi est plus éloigné des carrières de Saint-Gilles-des-Marais qui fournissent la terre à pots, que celui de l’Être-au-Lièvre à Ger. Peut-être le potier a-t-il misé sur les projets de chemin de fer qui existaient pour le Sud de la Manche, qui auraient pu lui permettre de transporter plus facilement à la fois ses productions de pots et de briques et la matière première nécessaire au fonctionnement de son entreprise. Cela pourrait expliquer son choix. Malheureusement, seule la construction d’une ligne entre Mortain et Vire est mise en service en 1887. La ligne prévue de Domfront à Mortain n’est ouverte qu’en 1893, et celle projetée dans la vallée de Brouains, pourtant envisagée dès la décennie 1870, n’a pas été possible avant le début du XXe siècle. C’était trop tard pour Augustin Véron, dont l’usine de Brouains a vraisemblablement fait faillite.

Image
Tramway de Granville
Sourdeval – Le tramway de Granville. L’endroit précis de la prise de vue n’est pas indiqué. Il est probable que c’est entre Sourdeval et la gare de Perriers, non loin du village du Rocher. La date n’est pas davantage précisée. La ligne a été ouverte en 1908, et reste en service jusqu’en 1935. AD 50, 96 NUM 164, Collection Leroy sur la Vallée de Brouains.

 

Après son échec à Brouains, Augustin Véron est revenu vivre au village de ses ancêtres, à l’Être-au-Lièvre, à Ger. Mais il n’est plus fabricant de poterie. La consultation d’autres actes concernant des ventes de biens de la famille Véron fait apparaître qu’en février 1899, il est « voyageur de commerce » et propriétaire, domicilié à l’Être-au-Lièvre [18]. Son frère Émile, en revanche, est toujours dans le métier,  « fabricant de poterie » à l’Être-au-Lièvre [19]. Peut-être a-t-il bénéficié du matériel professionnel de son frère ? C’est impossible à dire. Augustin se remarie à Dinan le 11 avril 1899 avec Mathilde HIREL, qui est la fille de sa cousine germaine Azéline Esneu. D’après l’acte de mariage, il est « représentant de commerce », et vit à Ger. En 1909, dans un acte concernant la vente de biens de la famille BOISLIBOUST, de Villechien, il est « représentant de commerce » [20]. Il meurt à Ger en octobre 1940, et repose au cimetière non loin de son grand-père Gabriel Esneu.

Évelyne Tiercelin / juillet 2023 / AAPG

 


[1] Désert Gabriel, A propos du patrimoine industriel,  Annales de Normandie, 32ᵉ année, n°3, 1982. Études sur le patrimoine industriel en Normandie. pp. 195-208. Voir une courte mention p. 203 : « Brouains. Un moulin dénommé le Rocher […] la fabrication du papier est abandonnée au cours des années 1880. Le moulin devient alors une fabrique de poterie avant d’être transformé en usine à polir le métal (1898) ». doi : https://doi.org/10.3406/annor.1982.5489. https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1982_num_32_3_5489

[2] Fajal Bruno, Une communauté de potiers normands du XVe au XIXe siècle, Histoire & Sociétés Rurales, n°10, 2ème semestre 1998. pp. 239-263. Voir p. 257 une liste de potiers de Ger pour 1520. doi : https://doi.org/10.3406/hsr.1998.1072 https://doi.org/10.3406/hsr.1998.1072. https://www.persee.fr/doc/hsr_1254-728x_1998_num_10_1_1072

[3] AD50, Registres d’état-civil de Saint-Hilaire-du-Harcouët, 1883-1889, 3E 484/16, vue 265/502.

[4] Le registre du recensement de 1891 est conservé à la mairie de Ger, contrairement à d’autres, en dépôt aux Archives de la Manche et numérisés sous les cotes 86 ED 1 F2 à F9 pour le XIXe siècle.

[5] La transaction a été passée à Sourdeval, Manche, Étude Le Maignen. AD 50 5E 33694, notariat Sourdeval 2, janvier-juin 1889.

[6] Ce renseignement est fourni par la copie de l’acte de revente de la propriété en 1893. Le prénom du prêteur n’est pas indiqué. AD50 4Q4 1023 et 1025.

[7] L’acte  de vente du droit d’eau de 1890 se trouve dans le notariat de Sourdeval, conservé aux archives de la Manche sous la cote 5E 12827. L’acte du 5 mars 1891 se trouve aussi dans le notariat de Sourdeval, [AD50 5E 12830]. Il s’agit encore pour les Gilbert d’élever leur barrage de 10cm, moyennant 600 Francs.

[8] La maison est une propriété privée dont la date de construction n’est pas connue, vraisemblablement après 1893.

[9] Cette tessonière avait été repérée au début des années 1980 par Gérard Clouet, à la recherche de traces éventuelles de la production potière d’Augustin Véron dans la Vallée de Brouains, suggérée par le catalogue que ce potier avait fait éditer.

[10] L’acte de vente a été rédigé par le notaire Edouard Ledos à Mortain, dont les archives ont été détruites. Il est connu par une copie du registre de formalités des hypothèques du bureau de Mortain en date du 27 juillet 1893.  AD50 4Q4 1023 et 1025.

[11] Il s’agit sans doute d’une machine qui permet de fabriquer des briques filées, auxquelles la « presse rebatteuse » donne ensuite la netteté de la forme désirée (définition de rebatteuse, voir dictionnaire Larousse https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/rebatteuse/66872 ). La mécanisation dela fabrication des briques est le produit de la révolution industrielle, et commence dans la décennie 1830 dans la région de Toulouse, avec le dépôt d’un brevet d’invention d’un sysème de presse à briques par Auguste Virebent (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Brique_(matériau) ).

[12 ]Mauger, « Ger et ses poteries », Annuaire de l’enseignement primaire de la Manche, 9e année, 1905, pp. 209-220. voir p. 213-214.

[13] Emmanuel Bougon est originaire d’Équilly, dans la Manche. Il est « négociant » en 1881 quand il se marie à Brouains avec Henriette Marie Guesdon (AD50, 5 Mi 358,Registres d’état-civil de Brouains 1873-1882, vue 135/230).  Le couple vit au Havre où naissent deux filles. Emmanuel Bougon meurt à Beauficel le 1er décembre 1896, et l’inventaire après-décès retrouvé dans les archives du notariat Guérin à Sourdeval en date du 5 janvier 1897 (AD50, 5E 33704) permettent de savoir qu’outre le Moulin du Rocher, il a acquis plusieurs propriétés dans la décennie 1890 : la propriété de La Lande à Beauficel en 1891, pour 55 000 francs ; deux maisons au Havre en 1895 pour 51000 F. ; une autre au Havre en 1895 également,  pour 60 000F (payée comptant). Le couple possède aussi des créances hypothécaires et un commerce de nouveautés au Havre, en gérance. Mme Bougon-Guesdon a des propriétés en propre à Sourdeval.

[14] L’activité potière ayant cessé sur le site, il est vraisemblable que l’acquéreur n’a pas cherché à acheter les équipements.

[15] A. Leneveu, instituteur à Ger, auteur d’un article paru en 1924, rapporte le nombre de 21 fabricants « vers 1840 ».  A. Leneveu, « Les poteries de Ger il y a un siècle », Bulletin de la Société historique et archéologique de l’Orne,
 T 43, 1924, pp. 162-168.

[16] Ce recensement , conservé dans les archives municipales de Ger, mentionne comme étant « fabricant de poterie » : à La Buissonnière, Anne Robbes, fille de Charles et veuve de François Robbes ; au Champ Duval, Auguste Théot ; à l’Être-au-Lièvre : Jacques Lelièvre, Eugène Lelièvre, Augustin Véron, Victor Véron (qui habite Fontaine-Beaudon, tout à côté) ; à la Basse-Louverie, François Dumaine, Victor Dumaine ; à la Haute-Louverie, Pierre Dumaine qui travaille avec son frère François, et son fils Ernest, Léon Morin ; Au Placître, Alfred Decrouen, Michel Legrain.

[17] « Les maîtres potiers actuels s’appellent MM. Dumaine Louis à la Louverie, Théot Pierre-Auguste à l’Être-au-Lièvre, Veuve Véron Victor à l’Être-au-Lièvre, et Legrain Eugène au Placître ». AD 50, 124 J 2, Collection de notices communales d’instituteurs, commune de Ger, 1913, vue 33/60.

[18] AD 50, 4 Q4 1111, Service des hypothèques, Registre de formalités du bureau de Mortain, volume 803, article 37, acte de vente de propriétés appartenant à la famille Véron.

[19] Émile Véron meurt à Ger le 21juillet 1915. Sans doute n’est-il plus fabricant de poterie à cette date : il ne fait pas partie des potiers cités par l’instituteur Leneveu dans sa note en 1913 ; Il est mentionné comme étant « cultivateur » dans un document concernant sa succession ( AD50, 3Q 484, Tables de successions, Enregistrement, Bureau de Barenton).

[20] AD 50, 4 Q4 1294, Service des hypothèques, Registre de formalités du bureau de Mortain, volume 986, article 41, acte de vente de propriétés appartenant à la famille d’Émilie Simon-Boisliboust, première femme d’Augustin Véron, qui est cité dans l’indivision. L’acte ne précise pas dans quelle branche commerciale il travaille.

 

 

 

Adresse

Le Rocher
50150 BROUAINS
France

48.725241313412, -0.96035417578747

Ajouter un commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.

Texte brut

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Ceci est un antispam