Attestée par l’archéologie, le grès apparaît en France au début du XIVe siècle. Cette invention est initialement localisée par les historiens en Alsace et dans le Beauvaisis, à la limite de la Picardie et de la Haute-Normandie. Cependant, pour répondre aux questions posées par la découverte de poteries de grès réputées normandes dans les opérations archéologiques effectuées, notamment, dans le grand ouest de la France et au Canada, le centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévale de Caen (CRAHAM) a mis en place dans les années 1980 un programme de recherche sur la naissance et le développement des grès en Normandie, en partant des lieux de leur production.
Ainsi, une fouille archéologique engagées en 1988 à Saint Georges-de-Rouelley (Manche), au lieu-dit la Potterie, met au jour les vestiges d’un four de potier dont les dernières cuissons se situent à la fin du XIIIe siècle. Le mobilier céramique, trouvé dans son contexte de production, constitue ainsi les premiers protogrès normands identifiés, contemporains de ceux du Beauvaisis. D’autres travaux confirment rapidement cette analyse, comme les fouilles des ateliers de la Goulande et de la Picaudière sur la commune de la Haute-Chapelle (Orne) près des carrières d’argile grésante, dans la vallée de l’Egrenne.
D’abord répartis sur les lisières des forêts des Andaines et de la Lande Pourrie, les potiers se concentrent rapidement sur la commune de Ger qui compte jusqu’à 24 ateliers au milieu du XIXe siècle.
« Potiers de Ger - L’aventure d’une industrie rurale du Moyen Âge au XXe siècle ».
Benoît Canu, Alain Talon, François Toumit, OREP éditions, 2017