Des potiers normands portent l'eau aux Bretons et aux rois
- Mortainais Domfrontais
- Dans l’architecture
Une production peu connue des potiers de Ger a aussi contribué à la notoriété des manufactures géroises, notamment en Bretagne sous l’Ancien Régime.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, elles fournissent en conduites d’eau plusieurs villes bretonnes mais aussi les jardins du château de Fontainebleau, s’appuyant sur l’excellence de leur grès mais peut-être aussi sur l’influence du duc d’Orléans, comte de Mortain.
Si plusieurs Véron ou Degrenne, potiers au Placître, travaillent pour Rennes (1603) ou Dol (vers 1770-1780), les spécialistes restent les Brulay, potiers au Champ Duval et à la Touche. Ils œuvrent à Dol, Saint-Malo, Rennes, Belle-Île et surtout Vannes où, de 1685 à 1696, ils conçoivent et réalisent le réseau d’adduction d’eau.
Dans son article « Les Brulay, une famille de fontainiers », de l'ouvrage Ger : un village normand à travers les siècles, t. 2, Marigny, Eurocibles, 2007-2008, David Groussard a précisément identifié les familles de Ger qui ont été fontainiers ainsi que les villes où elles sont intervenues :
Trois Véron, au Placître, 1603 (Rennes) ; Martin Brulay, 1642 (Dol) ; Michel Véron, 1650 (Rennes) ; Deux Brulay, 1654 (St-Malo) ; Victor Brulay, 1662-1674 (Rennes) ; Victor, Germain, Hierosme Brulay, 1662-1669 (Rennes, Vannes) ; Julien, Victor et Guillaume Brulay, 1673, 1684 (Fougères) ; Mathurin Esneu, 1674 (Fougères) ; Julien Brulay, 1674-1684, 1686 (Fougères, Belle-Île) ; Olivier Brulay, 1683 (Dol) ; Olivier et Julien Brulay, 1685-1696 (Vannes); Guillaume Brulay, des Aulnaies, 1687-1696 ; 1718-1719 (Vannes ; Dol) ; Degrenne, 1727 (Rennes) ; Brulay, 1727 (Rennes) ; Michel Brulay, 1742 (Fougères) ; Jacques Degrenne, 1742 (Fougères) ; Michel Véron, 1730, 1750 (Fougères) ; Pierre Véron, au Placître, 1768, 1774 (Dol) ; sa veuve Jeanne Degrenne, 1780.
À la fois « fontainiers et maîtres potiers », leurs compétences portent sur la fabrication des conduites, leur pose et même la sélection des sources : celles qui alimentent encore de nos jours Vannes et Fougères ont ainsi été goûtées, au XVIIIe siècle, par un Esneu et un Brulay de Ger !
Cette fabrique (…) est employée avec beaucoup d’avantage d’abord aux conduits de fontaines, on y fait des tuyaux de quelques centimètres de diamètre, suivant le volume d’eau que l’on veut diriger et de cinq à six décimètres de longueur qui ajustés les uns au bout des autres avec un ciment impénétrable à l’eau forment un aqueduc très solide et très durable et qui n’altère jamais la qualité de l’eau. Lettre du sous-préfet de Mortain, 17 avril 1809 (enquête des préfets).
Les potiers fabriquent également des conduites en poterie pour évacuer les eaux en excès des sols agricoles humides.
Benoît Canu
Image de tête : Tuyaux d’adduction d’eau et crépine en grès de Ger. Un des tuyaux est signé JV (Véron ?) et la crépine, qui empêche les feuilles et les animaux de pénétrer dans les tuyaux est datée de 1825. Coll. Musée de la poterie normande. © Alexandre Poirier /AD50
Champ Duval
50850 Ger
France
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