Aller au contenu principal

La seule carrière d'argile grésante dans le Mortainais-Domfrontais

Image
Localisation:
>
Saint-Gilles-des-Marais
Type d'article:
Les techniques

Certifiée par l’archéologie, l’apparition du grès dans l'Ouest de la France se fait fin XIIIe / début XIVe siècle, dans le Beauvaisis  et le Mortainais-Domfrontais.

Le grès résulte de la cuisson d’une pâte d’argile spécifique, dite grésante, à des températures bien supérieures à celles suffisant aux poteries communes (800° C), soit, selon les terres, entre 1150 et 1400° C.

En France, les grès ont vu le jour aux environs du XIVe siècle, dans les régions de Beauvais (Oise) et de Domfront (Orne). Ils apparaîtront un peu plus tard dans la région de Bayeux (Calvados). L'époque moderne verra le développement de plusieurs autres centres, notamment en Puisaye (Nièvre), dans le Berry (Cher), dans la Sarthe, en Alsace, etc.

Philippe Bernouis, Daniel Dufournier et Bruno Fajal, 1996.

Ainsi, cette fabrication nouvelle nécessite d’avoir identifié le gisement d’argile grésante. La seule carrière d'argile grésante du Mortainais/Domfrontais exploité de la fin du XIIIe s. jusqu'au début du XXe s. est sur les commune de la Haute-Chapelle (aujourd'hui commune nouvelle de Domfront-en Poirée) et de Saint-Gilles-des-Marais, au pied de la ville fortifiée de Domfront à l'extrême ouest du département de l'Orne. Le reste du pays ne présentant qu’une argile commune utilisable pour les briques, les tuiles et les pavés. 

Image
localisation carrière grésante de la Goulane
La carrière d'argile grésante exploitée pendant plus de 6 siècles par les potiers du Mortainais-Domfrontais se situe dans la vallée de l'Égrenne. Carte IGN / Géoportail 2019 https://www.geoportail.gouv.fr/carte

 

Image
photo aérienne carrière de la Goulande
Ancienne carrière d'argile grésante de la Goulande. Photo aérienne IGN / Géoportail 2019 https://www.geoportail.gouv.fr/carte

 

Image
Exploitation de la carrière de la Goulande
L'extraction de l'argile faisait appel à des outils rudimentaires : grosse houe pour exploiter le front de taille, couteau et seau d'eau pour décoller l'argile, échelle pour l'extraire à dos d'homme. Puis, jusqu'à la fin du XIXe s., elle était transportée à dos de cheval jusqu'aux ateliers potiers / © AD50.

 

Par ailleurs, la forte élévation de température pour la cuisson nécessite des volumes de bois et un temps de cuisson deux à trois fois plus importants. 

Il est alors difficile de croire à une découverte totalement fortuite. Il convient, au contraire, d’y voir le fruit d’expériences empiriques menées par des potiers, peut-être déjà intrigués par les qualités de pièces soumises par accident à de très hautes températures.

Le grès, un progrès considérable pour la conservation des aliments

Cette découverte révolutionne la conservation et, par conséquent, le transport des liquides et denrées périssables. 

Les poteries communes, rugueuses et poreuses, ne peuvent empêcher les suintements, les infiltrations ou les incrustations des contenus successifs qu’au prix de l’application d’une glaçure (couverte nécessitant une seconde cuisson), sinon d’une utilisation éphémère voire unique.

Avec la poterie de grès, apparaissent des objets plus solides, étanches et lisses, offrant des garanties de résistance, d’isolation et de propreté supérieures. Dès lors, le pot de grès s’impose comme un récipient de choix pour le stockage et la conservation des liquides, des graisses, viandes et autres denrées, bien mieux contenus et protégés. 

Son succès est immédiat : des grès domfrontais sont en usage, sur de riches tables, à Rennes et Caen au XIVe siècle, à Paris et en Angleterre au XVe siècle. D’abord convié à la table des grands, le grès a vite conquis les remises, les caves, les entrepôts et les cuisines du peuple. Dès le XVIe siècle, elle est devenue une production de masse.

Mais ses qualités ont également profité à l’industrie, à la pharmacie ou encore à l’adduction d’eau. Acides, onguents, encre, etc., y trouvent des réceptacles sains et sûrs et maintes localités de l’Ouest, telles Vannes, Rennes, Coutances ou Cherbourg, confient à des potiers bas-normands les chantiers de leurs fontaines publiques.

Benoit Canu et François Toumit  / AAPG

Voir, sur ce site, l'article "L'argile à grès des potiers de Ger" sur la Haute-Chapelle

 

 

Adresse

61700 Saint-Gilles-des-Marais
France

48.5827433, -0.6949873

Ajouter un commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.

Texte brut

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Ceci est un antispam