L'argile à grès des potiers de Ger
- Mortainais Domfrontais
Pour fabriquer les poteries de grès, qui, par leur caractère imperméable, ont révolutionné la conservation des aliments, les potiers du Mortainais et du Domfrontais ont dû utiliser une argile appropriée.
C’est au pied de la ville fortifiée de Domfront, à la Goulande dans la vallée de l’Égrenne, qu’ils exploitent dès le Bas Moyen Âge une loupe d’argile, sur les paroisses de Saint-Gilles-des-Marais et de La Haute-Chapelle, dans l’Orne.
Des fouilles archéologiques effectuées dans les fours potiers autour de ce gisement montrent que des protogrès y ont été cuits dès la fin du XIIIe s., soit à la même période que celle des autres sites connus d’apparition du grès en France (Beauvaisis) et en Europe occidentale (Rhénanie, Limbourg).
Un siècle plus tard, ces ateliers migrent à une quinzaine de kilomètres plus à l’Ouest, sur la paroisse de Ger entourée de la vaste forêt de la Lande Pourrie et, vers l’Est, aux lisières de la forêt des Andaines, à Champsecret, à Juvigny-sous-Andaine et La Chapelle-d’Andaine. Dès le XVIIe s., les ateliers potiers de Ger dominent définitivement la production de poteries de grès de ce bocage.
Les « Goulandiers » exploitent les carrières d’avril à début novembre afin d’éviter les pluies d’hiver qui remplissent les fosses et rendent les chemins impraticables.
Leur outil est une « houette », grosse houe incurvée pour couper des mottes d’une vingtaine de kg. Un couteau et un seau d'eau pour décoller l'argile et des échelles permettant de descendre au fond de la carrière constituent les seuls autres outils.
Le travail est rude car la terre est très compacte. En témoigne M. Mauger, l’instituteur de Ger en 1904 : « Le touriste qui passe près des carrières pour la première fois s’arrête fort intrigué. Des cris bizarres, des exclamations baroques suivies de gémissements frappent ses oreilles (…). Qu’il se rassure, ce ne sont ni des damnés, ni des démons, mais des travailleurs qu’un cri échappé de la poitrine, à chaque coup de houe, soulage dans leur rude labeur. »
Extraite de la carrière, la terre doit encore être acheminée à dos de cheval, par sommes de 125 kg, jusqu’aux ateliers potiers situés à 15 km.
Aujourd’hui, le site est en partie géré par le Conservatoire des espaces naturels de Basse-Normandie qui en restaure la biodiversité et conserve la mémoire de six siècles d’extraction d’argile.
http://cen-normandie.fr/actualites-agenda/immersion-en-terre-conservato…
François Toumit / AAPG
Launay
61700 DOMFRONT-EN-POIRAIE
France
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