L’existence de plusieurs centres potiers de grès importants en Basse-Normandie ne doit pas faire oublier celle d’établissements secondaires dont l’activité et les produits sont peu connus. 

Une fouille de sauvetage réalisée par Phlippe Bernouis et Bruno Fajal en novembre 1987 et en mars 1988 sur la commune de Jurques (Calvados) a permis de mieux connaître un de ces établissements secondaires. Il fonctionna du milieu du XIXe siècle jusqu’en 1915, lorsque le dernier potier, Prosper Thomas, mourut.

Voici quelques extraits de l’article de ces deux archéologues, paru dans l’ouvrage « Des châteaux et des sources » des Presses universitaires de Rouen et du Havre, en 2008.  https://books.openedition.org/purh/9972?lang=fr

« L’activité potière de Jurques a laissé peu de traces dans les sources documentaires. (…)L’origine de cette activité potière est sans doute à mettre en relation avec la présence de ressources locales en combustible.Quant à l’argile, elle proviendrait de Noron-la-Poterieet, probablement aussi, d’une commune plus proche, celle de Neuilly-le-Malherbe. Une partie de la production de Jurques devait être livrée à Noron-la-Poterie. Ces liens étroits avec les poteries du Bessin pourraient dénoncer l’origine d’une activité potière à Jurques : il est possible que ses premiers potiers soient venus de Noron ou du Tronquay pour créer de nouveaux établissements. »

L’article se poursuit par des observations archéologiques sur la structure et l’usage ancien des bâtiments : l’atelier et son terrier, le séchoir, la loge et le four. Ce dernier est un four longitudinal à flammes directes, avec un foyer orienté à l’ouest et dont les parois sont en schiste. Son plan est similaire à ceux des fours du XIXe s. de Noron mais, à la différence de ces derniers, sa sole présente une forte pente. 

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Le matériel récolté pendant la fouille est particulièrement intéressant : des moules à tabatière ou à estampage, des tabatières (rondes, « Père-la-colique » et « Mère-la-colique », chien et chat), du matériel d’enfournement (cales, pot à sel, cazettes, montre témoin), des poteries utilitaires (pots à crémer, saloirs, cruches, bouteilles et bouteilles ansées, soupière, cafetière, pot à miel, bougeoirs, tuyaux, entonnoirs, etc.). « Toutes les pièces produites dans cet atelier sont des grès à pâte rouge foncé, à l’instar de ceux qui sont fabriqués à Noron-la-Poterie. »

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Les auteurs achèvent leur article en s’interrogeant sur la logique d’implantation de ce petit atelier à Jurques, aux marges du Bessin. C’est sa situation au bord de l’importante voie de communication Caen-Vire et sa proximité des fermes du Bocage qui auraient facilité la diffusion de ses produits céramiques. 

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