Notre connaissance des faïences stannifères de Saint-Denis-sur-Sarthon repose sur un nombre limité de pièces. Outre les collections privées, deux musées en possèdent,  le musée de la Reine-Bérangère au Mans en expose sept et le musée de Sèvres en conserve trois dans ses réserves. Les pièces les plus connues sont les pichets Jacquot et les pichets Jacqueline, les Vierge à l’Enfant, les bénitiers. Plus rares sont les pièces patronymiques, parlantes ( portant l’inscription « je suis à … ») datées, ces dernières étaient des pièces de commande.

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Les argiles utilisées pour les faïences de Saint-Denis-sur-Sarthon deviennent très rouges à la cuisson. Pour éviter que cette couleur apparaisse par transparence, les potiers emploient un émail très épais à base d'étain. Cet émail assez grisâtre - à la même époque, les grandes manufactures, Strasbourg, Marseille, Moustiers etc. rivalisent d’ingéniosité pour produire l’émail le plus blanc possible afin de se rapprocher du blanc de la porcelaine - et le fait qu’il trésaille (réseau de petites craquelures visibles dans l'émail) de façon importante confèrent à ces céramiques un aspect rustique indéniable que le décor apposé par les peintres ne réussit pas toujours à atténuer.

LE REGISTRE DECORATIF
Il est d’usage d’attribuer à Denis-Pierre Pellevé la paternité du registre décoratif des faïences de Saint-Denis-sur-Sarthon. Les rares écrits sur cette fabrique soulignent de fortes ressemblances avec les décors des faïences de Sinceny (département de l'Aisne, région Hauts-de-France.) et de Rouen. Certes, le passage de Pellevé en ces lieux plaide en ce sens, toutefois, les décors à Saint-Denis-sur-Sarthon, en comparaison, sont d’une extrême simplicité. Au XVIIIe, les décors sont chatironnés, c’est-à-dire entourés d’un trait noir. C’est l’indice de décors posés avec un poncis ; le peintre use d’un dessin sur papier dont les contours sont piqués à l’aiguille sur lequel on passe un petit sachet de poudre de charbon appelé ponce ou poncette. Le trait noir, à la fois, réunit les petits points noirs et les masque. Les premiers décors représentent assez souvent des oiseaux stylisés, des fruits telle la grenade, des coupes fleuries, des fleurs en couronne.

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Un motif floral bicolore est très souvent employé, le bleuet ; la forme de la corolle, des pétales, du réceptacle, du pédoncule, tout fait penser fait penser à cette fleur des champs à l’exception de la couleur car les pétales alternent  le bleu et le jaune. On retrouve ce caractère bleu/jaune dans tous les décors floraux, cela donne une certaine typicité qui permet à l’œil exercé de reconnaître assez aisément cette production.

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 A partir de 1810, ces motifs floraux qui couvrent la totalité de la pièce sont abandonnés au profit de fleurettes, de motifs étoilés, de cercles ponctués. On les retrouve parsemés sur les « Vierge à l’Enfant », les bénitiers, le périzonium (pagne qui servait de caleçon durant l'Antiquité) du Christ sur la croix.

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Parfois, il n’y a même plus la tentative d’un décor, le peintre procède à grands coups de pinceau, les traits de couleur épousant les reliefs des statuettes, des pièces de forme. Cette façon de faire traduit la perte d’un véritable savoir-faire et signale le déclin de la production. 

Jean-Bernard Buessard, GEVAC de Normandie
Certains clichés : Musées du Mans, musée de la Reine Bérangère