Les Desmant, des grès normands Art nouveau
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Le début du XXe s. marque la fin des poteries utilitaires en grès qui, pendant des siècles, ont permis à l’économie laitière normande de se développer. Les quelques ateliers restant s’orientent alors vers une production de poteries « touristiques » à destination des estivants dont la présence se développe fortement à cette époque en Normandie.
Décorés de branches et de fruits de pommiers en applique, le cruchon à calvados diffusés par les distillateurs et la soupière individuelle transformée en bonbonnière pour les confiseurs constituent alors la nouvelle image de la poterie de grès. Cependant, un céramiste se distingue dans l’ouest de la Normandie.
Un chercheur-céramiste
Né à Choisy-le-Roi en 1844, Louis-Étienne Desmant commence sa carrière comme ouvrier d’art à la manufacture de Sèvres. Nommé directeur de la manufacture de faïence de Choisy-le-Roi, il part ensuite en Belgique étudier les grès de Flandres et les faïences de Tournai. Enfin, il arrive au Tronquay près de Noron-la-Poterie (Calvados) pour échanger avec les maîtres-potiers locaux, dont probablementDésiré Ygouf. A ces contacts, il s’initie à l’usage de l’argile du Bessin en expérimentant des grès flammés à reflets métalliques.
Vers 1895, il fonde, à Subles entre Bayeux et Noron-la-Poterie, un atelier de poterie auquel participe rapidement son fils Lucien, né en 1875. Employant l’argile grésante locale, exprimant une exceptionnelle maîtrise de l’émaillage et valorisant les talents artistiques du père et du fils, la production s’oriente alors dans deux axes différents.
Une poterie touristique de grande qualité est réalisée à destination des visiteurs du Bessin : elle évoque des scènes reproduisant celles de la Tapisserie de Bayeux qui illustre la conquête normande de l’Angleterre, en 1066, par Guillaume le Conquérant. Le deuxième type de production est d’inspiration Art nouveau : des décors d’animaux et de végétaux aux reflets métalliques animent des vases et des plats dont certains sont de très grande dimension.
Photo de haut de page : plat Louis-Étienne Desmant / Musée d'Orsay.
Après le décès de son père en 1902, Lucien DESMANT poursuit la production jusqu’à son propre décès en 1929. Des "suiveurs" - Brenner, Vautier, Lamy - ont continué, dans la région caennaise, une production touristique à la Tapisserie de Bayeux.
Par leurs recherches et leurs créations, Desmant père et fils méritent largement une place au côté des grands céramistes de leur époque comme Clément Massier (1845-1917) à Vallauris, Auguste Delaherche (1857-1940) dans le Beauvaisis ou encore Jean Carriès (1855-1894) en Puisaye.
Le Musée d'Orsay possède des oeuvres des Desmant et leur collection de référence est au Musée d'art et d'histoire Baron Gérard à Bayeux (Calvados).
François Toumit / AAPG
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