Les ornements de toiture de Sauxemesnil

- Cotentin
- Dans l’architecture
Si les potiers de Sauxemesnil ont essentiellement produit de la poterie utilitaire, ils ont aussi fabriqué des ornements de toiture : épis et abouts de faîtage, tuiles faîtières, pigeons, bacchus…
Ces productions avaient bien sûr un objectif fonctionnel : protéger la toiture des infiltrations d’eau de pluie. Mais la finalité de leurs décors, au-delà de leurs qualités esthétiques indéniables, est mal connue : rôle symbolique ou fonction protectrice, volonté d’exprimer le statut social du propriétaire, marqueur d’une profession, etc. Dans tous les cas, ils témoignent de la dextérité de ces artisans des siècles passés.
En voici quelques exemples.
Les épis de faîtage
Contrairement à ceux du Pays d’Auge dans le Calvados voisin, les épis de faîtage faits par les potiers de Sauxemesnil et de Néhou sont beaucoup plus modestes et moins « chargés ». Ils n’en sont pas moins élégants et décoratifs.
Il s’agit la plupart du temps de sphères tournées, de grosseur dégressive et terminées par une pièce en forme de cône ou une boule. Ces pièces sont recouvertes d’une glaçure au sel ou au plomb, brune mordorée qui donne son aspect brillant et cette belle couleur caractéristique aux pièces décorées de Sauxemesnil. Cette glaçure assurait également une protection contre les intempéries.
Sur la toiture, ces sphères sont maintenues par une tige de fer centrale fixé dans la charpente qui solidarise les éléments et scellées entre elles avec du ciment. Ces épis, posés sur le toit par le maçon ou le couvreur reposent sur une tuile faîtière aménagée pour recevoir l’ensemble et assurer l’assise. Une autre technique de pose, préconisée par les céramistes d’aujourd’hui qui fabriquent encore des épis, est d’entourer la tige métallique de chiffons huilés pour bien caler l’épi tout en lui permettant d’osciller légèrement avec le vent. Cette souplesse éviterait à l’épi de casser lors des forts coups de vent.
Les faîtières « Bacchus »
Bacchus est un dieu romain, dieu de la vigne, du vin et de ses excès. Il est souvent représenté sur un tonneau. Dans le Cotentin, c’est une forme d’enseigne qui signalait la présence d’un café où on servait à boire.
Seul le nom évoque ce dieu de la mythologie antique. Le personnage, assis sur la tuile faîtière symbolisant un tonnelet, tient une bouteille et une moque. Il ressemble beaucoup aux pichets d’amitié anthropomorphes du XVIIIe siècle avec gilet à boutons et tricorne appelés « Marquis ». Le « Bacchus » désigne aussi un tonnelet à eau de vie que chevauche un personnage.
Les abouts de faîtage ( ou faîteau)
Situé à l’extrémité du faîtage de la toiture principale ou celle d’une lucarne, ils assurent l’étanchéité de celle-ci. Ils sont généralement protégés par une glaçure au plomb.
Les tuiles faîtières (ou tafettes)
Ce sont des tuiles arrondies disposées à cheval au sommet des deux versants d’une toiture dont elles assurent l’étanchéité à l’eau. Dans le Cotentin, elles sont le plus souvent à boutons ou à dentelles et confèrent aux crêtes de toit un profil bien caractéristique ; la glaçure est au plomb.
Le pigeon
Il était posé sur une tuile faîtière en bout de toiture et fiché dans la charpente ; outre sa fonction décorative, il était aussi censé protéger la maison. Peut-être était-il assimilé à la colombe de la paix ?
Tous ces éléments protecteurs et décoratifs sont encore nombreux sur les toitures du Val de Saire dans le nord du département de la Manche ; il suffit d’être curieux et de lever la tête pour les admirer.
Si vous restaurer la toiture d'une maison ancienne dans le Cotentin, pourquoi ne pas implanter un ornement de toiture ? Des céramistes d'aujourd'hui en fabriquent encore. Renseignez-vous !
Jean Lepetit / AAPM
50700 Saussemesnil
France
Ajouter un commentaire