L'invention du grès dans le Mortainais / Domfrontais
- Mortainais Domfrontais
Si l'invention des poteries imperméables en grès est bien connue dans différentes régions d’Europe du Nord (Pays Rhénans, Limbourg hollandais, Beauvaisis), les grès du Mortainais/Domfrontais n’ont été étudiés que récemment.
C'est la découverte fortuite d’une fosse dépotoir lors de travaux d’aménagement d’un lotissement à Saint-Georges-de-Rouelley en 1984 qui a entraîné des fouilles archéologique les années suivantes réalisées par Ileana Bucur, Daniel Dufournier, Bruno Fajal et Daniel Levalet.
Cette recherche a mis au jour les vestiges d’un four de potier médiéval et de plusieurs tessonnières. L’étude paléomagnétique de la sole du four situe l’époque de la dernière cuisson à la charnière du XIIIe et du XIVe siècle. Le mobilier céramique, en grande partie constitué des premiers protogrès normands trouvé dans leur contexte de production, comprend des oules, des gros pots à tenons, des cruches, des grands jattes et quelques types particuliers.
Le Mortainais / Domfrontais peut donc revendiquer l’invention des grès au même titre que le Beauvaisis, à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle. Des fouilles ultérieures d’autres fours médiévaux sur les communes limitrophes de La Haute-Chapelle et de Saint-Gilles-des-Marais (Orne) ont confirmé cette production de protogrès.
Ce grès imperméable, propice pour transformer et conserver les aliments s’est rapidement diffusé, à Caen et à Rennes dès le XIVe siècle, à Paris au XVe siècle.
Puis, probablement à partir du XVIe siècle, la quasi-totalité des ateliers potiers de grès du Domfrontais et du Mortainais se concentrent sur la commune de Ger (Manche) au nord de Saint-Georges-de-Rouelley. Ils s'approvisionnent, comme les potiers de Saint-Georges, dans les fosses à argiles des marais voisins et traversent la forêt avec des attelages lourdement chargés.
Deux conditions sont indispensables à la fabrication d’une poterie de grès :
- le choix d'une argile plastique « grésante ». Dans le Mortainais/Domfrontais, seul le gisement de la Goulande, dans la vallée de l’Égrenne sur la commune de la Haute-Chapelle (Orne) à 5 km à l’est de St-Georges présente cette caractéristique ;
- une cuisson des pots dans un four qui puisse atteindre la température très élevée de 1 300° C, nécessitant une réelle maîtrise technique et un volume de bois considérable prélevé dans la forêt de la Lande-Pourrie sur les crêtes dominant la commune.
Les connaissances actuelles ne permettent pas de savoir si les potiers médiévaux sont parvenus à fabriquer du grès fortuitement ou à l'issue d'une recherche délibérée.
L’origine des protogrès et l’histoire des ateliers potiers du Mortainais/Domfrontais sont présentées au Musée de la poterie normande dans l’ancien village potier du Placître sur la commune de Ger.
François Toumit / AAPG
Référence : Ileana Bucur, Daniel Dufournier, Bruno Fajal, Daniel Levalet, « Un four de potier médiéval à Saint-Georges de Rouelley (Manche), les premiers grès bas-normands », Archéologie médiévale, 1989
Rue du stade
50720 SAINT-GEORGES-DE-ROUELLEY
France
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