Redécouverte d’un gîte à pâté de Mélamare
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La découverte d’une inscription sur une poterie peut amener à découvrir le parcours singulier de son créateur et de son destinataire !
Un gîte, ou terrine à pâté, servant à sa cuisson et à sa présentation sur table, vient de réapparaître d’une collection privée. Cette pièce est citée, en tant que photographie murale, dans le catalogue d’exposition de poteries de Mélamare du musée de Lillebonne au milieu des années 80 (voir la rubrique "Où en voir/Publications" du site : Les potiers de Mélamare (1683-1914), Didier Hébert). Ce gîte a une longueur de 46 cm , une hauteur de 16 cm et pèse 3228 g. Sa glaçure est marron, l’intérieur est orange. Il est décoré de branchages fleuris. On découvre sur l’assise, le texte suivant :
« fait amelamare le 26 juillet 1841 / pour monsieur archembod Demilleville / anêlle normandeusse pres blanji / Seraphin Deschamps / potier ».
On retrouve la signature de Séraphin Deschamps sur un autre gîte appartenant au musée de Caen : « fait par moi S Deschamps potier amelamare / le 28 janvier 1825 »
Qui était le potier Séraphin Deschamps (21 mai 1790 – 6 avril 1860) ?
Fils d’un bourrelier, filleul d’un potier, François Séraphin Deschamps naît le 21 mai 1790 à Mélamare, centre potier de Seine-Inférieure en Normandie. Il se marie à une potière Marie-Rosalie Troussé, veuve Latteur , en 1810 à Martincamp, lieu de production de poteries communes et de grès. On peut supposer que Séraphin Deschamps se soit formé dans ce hameau du pays de Bray. Les actes d’état-civil de ses enfants nous permettent de le localiser en ce lieu, au moins jusqu’au 28 novembre 1817, date du décès de son beau-fils Jean Casimir Latteur. La famille rejoint Mélamare entre 1817 et 1824 (naissance de son troisième fils, Delphin Clovis, le 28 décembre) pour continuer leur métier de potiers. Séraphin Deschamps décède à Bolbec en 1860. Ses descendants formeront une lignée de potiers jusqu’en 1914, date de fermeture de la fabrique pour un départ à la guerre.
Qui était le destinataire Archambeau (Archambault) de Milleville (16 août 1810 – 21 août 1883) ?
Il naît à Boissay sur Eaulne, commune aujourd’hui rattachée à Londinières (Seine-Maritime), le 16 août 1810.
Il est issu d’une lignée des seigneurs de Boissay depuis le XVème siècle, au moins. On le retrouve à Nesle-Normandeuse en tant que propriétaire - cultivateur dans les recensements communaux en 1841. Il est membre du conseil d’arrondissement pour le canton de Blangy de 1856 à 1883, date de sa mort. L’étude de la généalogie permet d’émettre une hypothèse pour expliquer comment une terrine peut être offerte à 110 km de son centre de production alors que d’autres centres sont plus proches : Martincamp, Beauvaisis entre autres... La mère d’Archambeau, Madame Louise Céline Manoury, est native de Mélamare. Son père, Guillaume Charles Augustin Manoury de Franqueville, était entre autres : conseiller du Roy, greffier en chef à la cour des comptes et seigneur de Franqueville et de la prevosté royale de Mélamare
On peut imaginer que ce gîte soit un cadeau du côté maternel d’Archambeau. Pour quelle occasion ? Cela reste à trouver ! La présence d’un texte sur une poterie est riche d’enseignements sur l’histoire locale et permet de poser des hypothèses qui demanderont à être confirmées lors de prochaines découvertes.
A la mémoire de Régis Foubert
Arnaud DUJARDIN
GEVAC de Normandie
76170 Mélamare
France
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