Le hasard des découvertes fait parfois apparaître des objets exceptionnels. A l'exemple de ce bénitier de chevet en grès de Martincamp, Seine-Maritime, Normandie.

Il mesure 17 cm de haut. Il est décoré de de poinçons, d'une croix modelée surmontant un piédestal flanqué de deux crosses tournées vers l'extérieur. Ce type de décor se rencontre régulièrement dans la poterie de Martincamp et est connu sur d'autres bénitiers de ce centre.

Le plus étonnant se trouve au dos. Le potier y a gravé l'inscription suivante :

'" Ce / bénitier / est fait / Pour les / bons patr[io] / te Catholiq / ue et non / pour Les / autocratte / Lan 9 de la / républiq[ue] / 1800".

C'est une des rares pièces de Martincamp, sinon la seule connue, portant un texte politique. Ce bénitier a été réalisé au début des négociations du concordat (Nov. 1800 - Juil. 1801). Les inscriptions "1800" et "Lan 9" nous indiquent que cet objet a été fabriqué entre novembre et décembre 1800.

Le concordat de 1801 est le traité qui a réglé les rapports de l'État français et de l'église catholique après les tensions religieuses apparues pendant la période révolutionnaire. Il a été signé entre Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII. Le premier voulait apaiser les tensions, le second voulait réintroduire l'influence de la papauté dans le catholicisme français !
Le concordat restera en vigueur jusqu'en 1905, date à laquelle la loi de séparation de l'état et de l'église a été votée.

Gevac de Normandie

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