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Un important don de céramiques au musée de la poterie normande

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poterie Desmant à la Tapisserie de Bayeux
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Subles
Type d'article:
Les productions

Louis Étienne Desmant (1844-1902) puis son fils Lucien Adolphe (1875-1929) sont deux céramistes qui ont produit de 1895 à 1929 des céramiques émaillées en terre de Noron, dans leur atelier de Subles (Calvados). Ils réalisent pendant ces années de production des céramiques aux décors « Art nouveau » à reflets métalliques d’inspiration hispano-mauresque et inventent les décors « à la Tapisserie de Bayeux », très prisés des touristes.

La collection de référence de ces deux artistes se trouve au Musée d’art et d’histoire de Bayeux. Cependant, très récemment, une autre collection publique a bénéficié d’un don exceptionnel de 81 céramiques des Desmant père et fils. Il s’agit du Musée de la poterie normande, implanté sur l’ancien site potier du Placître à Ger (Manche), qui a reçu ce don de MM. Dame-Dieu et Pedoussant.

Afin d’apporter sa contribution à la connaissance du travail de ces deux créateurs, l’association des amis de la poterie de Ger a effectué l’étude de cette collection au cours de l’été 2019. Elle est constituée de 79 céramiques « à la Tapisserie de Bayeux », dont 76 du fils et 3 qui pourraient avoir été produites conjointement. Le reste de la collection se compose de 2 céramiques au décor « Art Nouveau », l’une à coulures, du père (Ge.2019.2.2. - MPN) ; l’autres à papillons et volutes (Ge.2019.2.1. - MPN) qui pourrait être une production conjointe au vu de la signature.

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Céramique Art nouveau des Desmant

Lors de l’étude de ces céramiques afin de les documenter, il a été porté une attention particulière aux décors « à la Tapisserie de Bayeux ». Cette analyse n’est bien entendu pas exhaustive, mais reflète cependant plusieurs traits du travail des Desmant. 32 de ces décors (40 %) concernent la scène 23 de la Tapisserie de Bayeux : Guillaume sur son trône avec une épée et le doigt tendu, accompagné de deux gardes reçoit le serment d'Harold sur des reliques. « Cette scène est capitale dans l’économie de l’œuvre » rappelle Lucien Musset. La scène sur les céramiques n’est jamais complète et se limite souvent à un des deux personnages recadré. L’intérêt que porte Lucien Adolphe à cette scène, à l’origine de la conquête de l’Angleterre, se confirme par la plaque publicitaire de la boutique de Bayeux qui présente exceptionnellement la totalité de la scène 23 (C1554 - MAHB). Il faut probablement prendre en compte également, pour les petites pièces, la rapidité d’exécution qu’amène un travail répétitif.

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Guillaume reçoit le serment d'Harold
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Harold prête serment à Guillaume

Au-delà de cette préférence, il n’y a pas de volonté historique ni chronologique dans le choix des scènes de la part du décorateur. Une céramique à plusieurs décors présente des scènes historiques sans rapport entre elles. Le choix esthétique semble primer. Les scènes reproduites sont essentiellement extraites de la narration principale de la broderie.

En dehors des animaux fantastiques très utilisés pour les petits objets (oiseaux à ailes multicolores, lions à tête d’oiseaux librement inspirés de la broderie et un chameau de la scène 13 (Ge.2019.2.4 et 75 - MPN), seuls, quelques pots de grande hauteur présentent parfois les frises supérieures et inférieures en rapport avec le sujet principal (Scènes 1 et 53 de la Tapisserie pour Ge.2019.2.73. - MPN Scènes 13 et 16 de la Tapisserie pour Ge.2019.2.75. - MPN). Aucune scène des fables et de la vie quotidienne n’est reproduite. Lucien Desmant privilégie les grands personnages de la Tapisserie qui doivent être plus vendeurs.

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Céramique à la tapisserie de Bayeux de Lucien Adolphe Desmant

Sur le plan plastique, les pièces analysées signées Lucien Adolphe Desmant montrent que :

- Les couleurs d’origine de la broderie ne sont pas respectées, ce qui n’empêche pas les scènes, systématiquement sur fond beige, de présenter une ambiance « médiévale » pour les acheteurs.

- Les visages dessinés sont très anguleux avec souvent une expression dure, principalement pour Harold avec son nez pointu et sa moustache horizontale.

- Chaque décor est un extrait fidèle de la broderie, sans volonté de faire comprendre la scène. Ainsi un vase montre six anglais pointant du doigt vers la comète de Halley sans la représenter (Scène 32 de la Tapisserie. GE.2019.2.57.- MPN). Sur un autre vase, des soldats normands traversent une rivière, un morceau de tissu figuré en haut à droite du décor est en fait la base du rocher du Mont-Saint-Michel (Scène 16 de la Tapisserie. GE.2019.2.52. - MPN ). Sur un troisième vase, un chevalier normand à cheval, tout harnaché, reçoit les clefs de la ville de Dinan qui ne sont pas représentés (Scène 20 de la Tapisserie. GE.2019.2.53. - MPN).

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Où est passée la comète de Haley ?

- Les textes en latin sont également tronqués et lorsque les personnages sont mis en évidence leurs noms est inséré dans le décor « WILLELM: », HAROLD: (GE.2019.2.50, 60, 61, 65. - MPN). Enfin, dans cette nouvelle collection publique, se retrouvent les formes « normano-scandinaves » identifiées dans la collection du Musée de Bayeux auxquelles s’ajoutent des blasons, des plateaux et des grands vases aux anses en forme de haches (Ge.2019.2.71, 72 et 73 - MPN) ou en forme de cornes (Ge.2019.2.56 et 57 - MPN).

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Pot à tabac à la Tapisserie de Bayeux de Louis Étienne Desmant

 

Musée de la poterie normande à Ger (Manche)

http://www.manche.fr/patrimoine/musee-regional-poterie-N.aspx

https://www.facebook.com/poteriedeGer/

 

 

Adresse

Rue Desmant
14400 Subles
France

49.2437185, -0.7434228

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