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La tuilerie d’Airel & Moon (1880-1975)

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Tuilerie d'Airel & Moon
Localisation:
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Airel
Type d'article:
Les ateliers et les familles

Cette fabrique est implantée à cheval sur les communes d’Airel et de Moon-sur-Elle (prononcez mon) vers 1880 par la « Société de la Briqueterie et Tuilerie d‘Airel et Moon ». Reconstruite après un incendie à la fin des années1890, elle devient, vers 1900, la propriété de la société A. Couvreux et Cie qui exploite également les usines de Lison et de Saint-Fromont.

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Tuilerie d'Airel & Moon : mur d’enceinte de l’usine construit en tuiles mécaniques / © F. Toumit

 

Vers 1910, le papier à entête de cette entreprise mentionne : 

TUILERIES ET BRIQUETERIES MÉCANIQUES PERFECTIONNÉES

A. COUVREUX & CIE,

FOURNISSEURS

de la Cie des Chemins de Fer de l’Ouest-Etat, du Génie Militaire et de la Marine

Propriétaire des usines de Lison (Calvados), St-Fromont (Manche) et Airel & Moon (Manche).

En 1921, les trois établissements sont rachetés par la Société anonyme des Tuileries de Beauvais, en même temps que la tuilerie du Fresne à Argences (Calvados). 

L’essentiel de la production est constitué de tuiles mécaniques à emboîtement. Mais on y fabrique aussi les autres éléments de toiture : tuiles faîtières, arêtiers, bordures de rives, etc. Des bordures de jardin, des briques creuses et pleines, des carreaux de pavage et des tuyaux de drainage complètent la production.

Jusqu’en 1940, des wagonnets tirés par des chevaux sur une voie ferrée étroite qui passe en tunnel sous un chemin apporte l’argile de la carrière située au sud de l’usine. 

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La voie ferrée permettant l’exploitation de la carrière passait en tunnel sous un chemin / © F. Toumit

 

Les tuiles mécaniques sont fabriquées dans des presses servies par trois ouvrier.ère.s : la graisseuse qui graisse le moule pour éviter à l’argile de coller, le presseur et l’ébarbeuse qui supprime les aspérités au sortir de la presse. Après séchage les produits étaient cuits dans un four Hoffmann chauffé au charbon.

En 1975, l’activité de la tuilerie d’Airel & Moon, qui employait alors 137 personnes, s’achève. En 1976, après la fermeture, tous les bâtiments de l’usine sont rasés. Seule reste aujourd’hui la cité ouvrière.

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Entrée de la cité ouvrière en 2019 : maison du directeur et maisons de contremaîtres / © F. Toumit

 

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Ancienne maison d'ouvrier dans la cité ouvrière de la Tuilerie d'Airel & Moon / © F. Toumit

 

D’après « Céramique architecturale en Basse-Normandie - la production de briques et de tuiles - XIXe- XXesiècles ». 

Ph. Bernouis, D. Dufournier, Y. Lecherbonnier - Les Cahiers du temps, 2006.

Si vous souhaitez commenter ou compléter cette publication, n'hésitez pas à en faire part en bas de cette page. Ce site internet est collaboratif : il deviendra ce que tous les acteurs du patrimoine normand - collectionneurs, musée, historiens, archéologues, associations, amateurs, etc. - souhaiteront en faire !

Adresse

50680 AIREL
France

49.206583649012, -1.0778726234081

Commentaires

Soumis par chrcan (non vérifié) activé mer 21/08/2019 - 10:09

Journal de Bayeux n° du mardi 19/10/1897 (https://archives.calvados.fr/ark:/52329/840wp75fgrhz/c7db8fe6-bc78-4980…)

Incendie de la tuilerie d'Airel et de Moon.
Dans la nuit de samedi à dimanche, à 5 heures 1/2 du matin, le feu s'est soudainement déclaré, aux bâtiments de cette importante usine construite en briques et planches de sapin. On devine combien ces éléments ont été une facile proie pour les flammes ; en une heure et demie, tout était consumé.
Toutes les nuits, deux hommes étaient préposés à la garde de l'établissement. Dimanche, les deux veilleurs ne s'étaient retirés, comme d'habitude, qu'après avoir consciencieusement fait leur ronde. C'est un ouvrier, chargé de l'entretien des fours, le sieur Lepoitey, qui s'est aperçu le premier e l'incendie. En venant prendre son travail, une lueur, grandissant démesurément, s'offre à ses yeux. Il donne aussitôt l'alarme.
Cent cinquante personnes environ sont accourues; de leur côté, les pompiers, malgré toute diligence, n'ont pu arriver sur les lieux que plus d'une demi-heure après l'origine du fléau. Ils ont été obligés de faire le tour du brasier et de mettre leur pompe en batterie à proximité de la longue succession de séchoirs servant à la dessiccation des tuiles.
Leurs efforts, des plus méritoires, ainsi qu'une méthodique organisation de la chaîne, dirigée par la brigade de gendarmerie de St-Clair, ont réussi à circonscrire l'incendie dans son foyer et à préserver ainsi une quantité considérable de marchandises, tant briques, tuiles que charbons. Mais les bâtiments principaux servant à la fabrication sont, ainsi que les machines, anéantis. Ils se composaient de deux longues galeries construites en X ; larges de dix mètres, ces galeries s'étendaient : celle présentant sa façade, un peu de biais, à la route d'Airel, sur un espace de cent mètres environ ; l'autre sur un espace de cinquante mètres seulement.
A leur intersection, se trouve la grande cheminée de l'usine, haute de vingt-cinq mètres. Près d'elle, l'appartement renfermant dans une armoire les huiles servant à l'approvisionnement des lampes des ouvriers. On suppose que c'est en cet endroit que le feu aura pris naissance. De là, il s'est propagé avec une rapidité foudroyante travers ces longs couloirs, remplis uniformément d'étagères en planches supportant les briques.
Des deux ailes en question et des trois étages qu'elles comportaient chacune, s'élevant à une hauteur d'environ 15 mètres, il ne reste plus rien ; tout est rasé de fond en comble. Seule, la grande cheminée, ainsi qu'une autre en tôle de fer, émergent au milieu d'un vaste chantier de débris de toutes sortes. L'intensité du foyer était telle que les flammes dépassaient la couronne de cette cheminée.
L'approche de l'hiver va singulièrement aggraver pour les petits ménages ouvriers de la région, les conséquences d'un chômage forcé. Il est à souhaiter que les formalités nécessaires pour l'évaluation des dégâts, s'accomplissent sans tarder et qu'aucun obstacle, en un mot, ne vienne retarder la reconstruction de l'usine.
Celle-ci était en voie de prospérité, depuis déjà quelques années. Elle occupait 80 ouvriers. Sous l'impulsion de son directeur, elle devenait une usine modèle, L'outillage mécanique employé se perfectionnait d'année en année et permettait de fabriquer à des prix de revient avantageux tous les divers articles ressortissant de cette fabrication, on y exécutait même de la porterie artistique.

Soumis par francois.toumit activé mer 21/08/2019 - 10:27

En réponse à par chrcan (non vérifié)

C'est un article fort intéressant. A l'occasion de cet incendie, nous avons une description précise de l'usine à la fin du XIXe siècle. Merci pour ce beau complément. 

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